Le nord-est de la Syrie et l’Irak, ultime enjeu de la bataille contre le terrorisme

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Il est pratiquement acquis désormais que l’intervention russe en Syrie permet aux forces du régime et de leurs alliés d’avancer sur plusieurs fronts, notamment au nord de la Syrie, dans les provinces situées à l’ouest de l’Euphrate. Mais les régions situées à l’est de ce fleuve vital pour la Syrie et l’Irak continuent à poser un sérieux problème. Il s’agit en particulier de Raqqa et de Hassaké jusqu’à Deir ez-Zor qui constituent un prolongement territorial entre la Syrie et l’Irak. Les rapports militaires précisent à cet égard que si les forces du régime syrien et leurs alliés se contentent de repousser Daech vers l’est de l’Euphrate et en Irak, à Anbar et Mossoul, cela signifiera que la menace représentée par cette organisation terroriste ne sera pas écartée, mais simplement contenue provisoirement en attendant une nouvelle possibilité pour elle de s’étendre à nouveau. En ce sens, cette théorie confirme qu’avec Daech, les frontières géographiques et politiques sont en train de disparaître, pour montrer une complémentarité entre les fronts irakien, syrien et même libanais, ce dernier ne pouvant pas rester à l’abri des secousses en provenance de ces pays voisins.

Face à ceux qui croient que pour l’instant la priorité du régime de Damas et de ses alliés, c’est de reprendre le contrôle de la région au nord-ouest de la Syrie, pour pouvoir ensuite mener des négociations en position de force, après avoir éliminé l’influence directe turque sur les forces de l’opposition, il y a donc ceux qui affirment que la position du régime et de ses alliés restera fragile tant qu’il n’aura pas non plus pris le contrôle du nord-est du pays. Les experts militaires estiment toutefois qu’une telle initiative reste difficile dans le rapport actuel des forces, en raison de l’emplacement de Raqqa et du fait que cette province est devenue le véritable fief de Daech, en prolongement direct avec la province de Anbar en Irak, jusqu’à Mossoul. De plus, dans le nord-est du pays, il y a aussi la région dite d’al-Jazira, où du pétrole et du gaz ont été découverts. Cette région est donc non seulement importante en raison de sa proximité avec l’Irak, mais elle est aussi vitale pour sa richesse en ressources pétrolières. Or, c’est justement dans cet espace que Daech a installé son fief, consolidé par son prolongement en Irak. Et si justement Daech a pu s’étendre ainsi en territoire syrien, c’est bien parce que cette organisation a commencé par s’emparer de la province de Ninive, puis de celle d’Anbar en Irak. Cette démarche avait d’ailleurs une portée stratégique puisqu’elle a provoqué une rupture territoriale dans la zone d’influence iranienne qui s’étendait avant la poussée de Daech de Téhéran jusqu’au Liban, en passant par la Syrie et l’Irak. L’Iran a certes trouvé d’autres moyens pour assurer le lien entre ses alliés dans la région, mais le territoire contrôlé par l’État islamique entre la Syrie et l’Irak reste une épine dans son dos.

C’est dans ce sens que la bataille actuelle menée par l’armée irakienne et les forces populaires qui lui sont alliées dans la province d’Anbar revêt une importance stratégique. Selon les rapports militaires, l’armée irakienne a enregistré un progrès certain dans cette province, en libérant la ville de Ramadi. Mais son avancée reste lente et surtout tributaire de l’aide des Américains qui la soutiennent par les avions de combat et les drones. Le soutien américain reste donc déterminant pour l’armée irakienne et ses alliés. S’il se confirme et si les États-Unis veulent réellement lutter contre le terrorisme que constitue l’organisation État islamique, ils devraient donc aider l’armée irakienne et ses alliés pour qu’ils reprennent le contrôle de la province d’Anbar. Ce qui faciliterait ensuite la tâche de l’armée syrienne soutenue par la Russie et l’Iran. Sinon, cela signifierait, pour des experts militaires proches des autorités irakiennes, que les États-Unis ne veulent pas encore mettre un terme définitif à Daech, estimant que cette carte peut toujours être utile, si elle est contenue, afin de déranger l’Iran. Les experts militaires précités estiment aussi que dans cette région particulièrement importante sur le plan stratégique, il faut aussi tenir compte du rôle de la Turquie, toute proche. Selon ces mêmes experts, si la Turquie décide d’intervenir directement au nord-est de la Syrie, en prolongement de Ninive et d’Anbar, les Iraniens ne devraient pas rester les bras croisés et on se trouverait devant de nouvelles complications régionales.

En d’autres termes, ce n’est pas avec une seule bataille que la guerre contre le terrorisme peut être remportée et si le régime syrien et ses alliés sont en train d’enregistrer des progrès sur plusieurs fronts internes, l’affrontement décisif se fera dans le nord-est du pays et en Irak, où il faudra tenir compte de tous les acteurs régionaux et internationaux. Pour toutes ces raisons, des sources proches du 8 Mars estiment qu’il est encore trop tôt pour parler d’une sortie de crise en Syrie et forcément, aucune solution radicale n’est envisagée au Liban, tant que le bout du tunnel n’est pas encore visible en Syrie. Le dossier présidentiel est donc reporté et il faudra se contenter de petits arrangements qui permettront de régler les problèmes les plus urgents…

Scarlett HADDAD
16/01/2016

www.lorientlejour.com/article/965169/le-nord-est-de-la-syrie-et-lirak-ultime-enjeu-de-la-bataille-contre-le-terrorisme.html

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