LIBOR trafiqué : le plus grand scandale financier de tous les temps

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Le taux du LIBOR aurait été manipulé entre 2007 et 2011, permettant à certaines banques de se refinancer à bon compte sur le dos des entreprises et des particuliers, tout en rassurant les marchés sur leur solidité financière toute illusoire. Le Libor est le type même de cartel financier souterrain selon un expert de la haute finance !
Nous y sommes ! C’est le plus grand scandale financier de tous les temps !
C’est ainsi que les unes de certains de vos journaux « révélant » la possibilité d’un trafic sur le LIBOR comme s’ils venaient juste de le découvrir. Ce n’est pas la première fois que le LIBOR est mis en cause, mais là il s’agit de son calcul.
UBS aurait craqué et, en échange d’une immunité conditionnelle sur ses propres magouilles, aurait tout balancé aux autorités de contrôle des différents marchés. Elle aurait été suivie de près par la Barclays et Citigroup qui espèrent en dénonçant se mettre elles aussi le plus possible à l’abri.
Le LIBOR est le principal taux de référence mondial. C’est un taux quotidien calculé à partir de la moyenne des taux auxquels les 18 plus grandes banques se prêtent de l’argent entre elles. Il n’a de sens que si les banques ont une moyenne très proche les unes des autres. Ce taux sert de référence sur le marché financier et s’applique sur les dix plus grandes devises mondiales et quinze maturités, d’un jour à douze mois. Soit 150 chiffres quotidiens et environ 350 000 milliards de dollars de produits financiers. Il sert également d’index à un grand nombre de taux d’intérêt, que ce soit dans les financements des entreprises et des particuliers. Il a été créé en 1986.
Jusqu’en 2008, il fonctionnait assez bien et restait stable puisque l’économie elle-même l’était stable. La crise de 2008 a tout bouleversé.
Plusieurs banques ont eu de grosses difficultés et n’ont pu emprunter de l’argent auprès de leurs confrères, qui connaissaient bien leur situation, ou alors, à des taux très importants. Des écarts entre les taux transmis par les banques et le LIBOR se sont accumulés, et ce dernier s’est progressivement écarté de la réalité.
Afin de ne pas alerter les marchés sur leur propre santé, les banques les plus fragiles se sont donc mises à « arranger » les taux qu’elles transmettaient. Le maintien d’un LIBOR bas aurait donc été en premier lieu juste une conséquence indirecte mais pas une fin en soi.
Mais tant qu’à trafiquer les chiffres, autant en profiter pour tirer le plus d’avantages possibles, non ? C’est ainsi que certains établissements ont laissé leurs traders influer sur le taux du LIBOR en fonction de l’importance de ses variations pour leurs portefeuilles.
Bref ! Le taux du LIBOR aurait été manipulé entre 2007 et 2011, permettant à certaines banques de se refinancer à bon compte sur le dos des entreprises et des particuliers, tout en rassurant les marchés sur leur solidité financière toute illusoire.
Mais rappelez-vous que cette affaire mise à la une aujourd’hui a déjà fait l’objet des gros titres en 2007/2008 notamment dans le Wall Street Journal et le Financial Times, au moment de la crise financière : en effet, certains experts s’étaient interrogés à l’époque sur la possibilité de conserver un taux bas et si stable alors que certaines des banques étaient au bord de la faillite et le marché financier plombé par les produits toxiques liés aux subprimes. Il aurait semblé normal de voir les taux remonter mécaniquement et d’observer une différence entre les taux déclarés par les différentes banques. De même, au sein des différentes banques il y avait trop d’écart entre les taux donnés pour les emprunts sur différentes devises ; s’est dès lors posée la question d’une possibilité de trafic sur le LIBOR.
Les informations données par les banques pour le LIBOR ne reposant pas sur des transactions réelles mais sur des transactions virtuelles, il semblait facile de camoufler les choses, d’autant qu’au sein d’une même banque, les traders et les responsables du taux servant à calculer la moyenne du LIBOR se connaissent, communiquent et s’influencent.
Quand les traders n’ont plus réussi à anticiper les évolutions du LIBOR par leurs calculs habituels, à partir de la crise de 2008, ils sont naturellement allés prendre des renseignements auprès de ceux qui calculaient les taux et les ont convaincus de les modifier pour sauver la banque, améliorer les rendements, les enrichir.
Les autorités des marchés financiers se sont saisis de l’affaire et suspectent à la fois des manipulations de cours et une atteinte aux règles de la concurrence.
C’est en 2011, du fait d’UBS, que l’affaire prend une nouvelle ampleur. Pour rappel, UBS est cette magnifique banque suisse objet régulier de scandales : comptes en déshérence, financement des partis politiques suisses, crise des subprimes, affaire du crédit lombard, affaire Madoff, crash boursier indien, fraudes fiscales diverses… La liste est impressionnante.
Or, dans son rapport annuel 2010, la banque reconnaît qu’elle a été citée à comparaître dans une affaire de manipulation de taux d’intérêt. Une première plainte civile suite à ce rapport est déposée aux États-Unis par trois sociétés de gestion d’actifs. Rapidement, les plaintes civiles se multiplient : UBS, Crédit Suisse et neuf autres établissements financiers sont attaqués aux États-Unis en août 2011 par Charles Schwab, courtier américain.
En attendant les résultats de l’enquête, la prudence reste bien sûr de mise. Pourtant, il est impossible de ne pas noter que depuis l’éclatement de l’affaire en 2011, une vague de licenciement de traders a touché plusieurs autres banques comme USB, JP Morgan Chase, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland. Ces remerciements tendraient à étayer la théorie de l’existence d’une entente frauduleuse autour du LIBOR.
J’ai personnellement tendance à considérer qu’accepter un accord contre une immunité conditionnelle sous-entend également qu’on reconnaît implicitement l’existence de l’affaire et une part de sa culpabilité.
À ce point de l’enquête, il est difficile d’évaluer les conséquences financières de cette arnaque pour autant qu’elle soit vérifiée ; les pertes seraient considérables pour l’économie, y compris pour les banques, qui seraient taxées lourdement en amendes et dommages et intérêts. Se poserait ensuite la question des gains : des taux sous-évaluées signifient effectivement que les détenteurs d’hypothèques ont pu en bénéficier en payant moins que ce qu’ils auraient dû.
D’autre part, si le LIBOR était sous-évalué, sa vraie valeur est logiquement plus haut ce qui entraînerait là aussi un paquet de mauvaise surprise, par exemple pour les collectivités locales dont certains prêts sont assujettis à la valeur de ce taux. Il est évident que le LIBOR devra être corrigé et perdra sans doute de sa prépondérance. On assiste d’ailleurs à l’émergence de nouveaux indices.
Avec cette affaire, c’est à nouveau la réputation des banques qui est sur la sellette. On ne sait pas à quel niveau de la hiérarchie la fraude a pris naissance mais il semble plus qu’improbable qu’elle ait pu se faire sans aucun accord des dirigeants.
La question de la régulation des banques se pose.
Pour contourner des normes trop lourdes pesant sur elles, les banques ont développé de manière tout à fait légale le shadow banking. C’est à dire qu’elles ont confiés leurs opérations à des entités ne recevant pas de dépôt et donc échappant au cadre réglementaire pesant sur les banques. Ainsi, toute une économie de l’ombre s’est développée en dehors de tout contrôle.
Alors, plutôt que de renforcer la régulation du système bancaire ce qui pourrait recréer des effets similaires, ne serait-il pas plus judicieux de réfléchir à un allègement des contraintes et à étendre ce cadre modifié à tous les acteurs financiers ?
Néolibéralisme et conséquences
LIBOR, les raisons d’un scandale
Tiens, un scandale financier. Tiens, c’est sur un marché de plus de 300 trillions de dollars. Tiens, cela implique des manipulations de cours. Tiens, c’était connu du milieu et les journalistes ne se réveillent que maintenant. C’est ballot, alors que le sommet européen venait juste de s’achever en fanfare… Zut alors.
Pour ceux qui suivent de près les sites financiers, la nouvelle n’a pas été réellement surprenante : le LIBOR, le marché des taux interbancaires à Londres, est massivement manipulé. C’est une information qui circule depuis plusieurs années dans les milieux boursiers, et qui était déjà disponible depuis février dernier pour ceux qui se donnaient la peine de s’informer.
Pour rappel, le LIBOR est le London Interbank Offered Rate, autrement dit le taux auquel les banques se prêtent de l’argent. Ce taux est fixé à 11h (heure de Londres), par un groupement de banques déterminé (la British Bankers’ Association) et concerne les prêts non gagés par des titres. Au passage, il existe la même chose sur d’autres marchés, comme celui de la zone euro (EURIBOR). De façon indirecte, ces taux définissent aussi ceux des crédits aux ménages et aux entreprises.
Au courant du mois de février, on apprenait donc, dans la discrétion feutrée qui sied à tout ce qui se passe dans le monde de la bourse, que le taux auquel les banques se prêtent sur le marché de Londres (un marché de 350.000 milliards de dollars) était largement bidouillé. Pour le moment, Royal Bank of Scotland (qui fut l’une des banques sauvée en 2008 de la faillite à grande injection d’argent gratuit du contribuable britannique) et Barclays sont directement impliquées dans le scandale qui secoue toute la City. Et c’est bien normal, puisque le LIBOR sert de base à un nombre considérable de transactions financières dans le monde entier et bénéficiait jusqu’à présent d’une réputation sans tache…
Et le scandale est lisible, presque heure par heure, ici ; on y découvre les échanges (d’e-mail, essentiellement) entre différents traders qui s’arrangent pour obtenir des taux spécifiques du LIBOR en fonction de leurs besoins. Connaissant la variation et l’ampleur de celle-ci avant que le taux ne soit officialisé, on imagine sans mal que les traders concernés ont alors toute latitude pour faire fructifier cette information. La consternante décontraction avec laquelle ces manipulations sont faites laissent le lecteur dans une sorte d’incrédulité : d’un côté, le truquage semble aussi grossier que courant, et de l’autre, les traders ne semblent même pas réfléchir plus loin que le bout de leur nez en utilisant des moyens électroniques qui laissent des traces évidentes un peu partout.
Cette désinvolture viendrait-elle d’une sorte de paradigme de “Too Big To Get Caught”, dérivé directement du “Too Big To Fail” dans lequel baignent les banques depuis que les Etats ont, unilatéralement, décidé de les sauver ?
En attendant, de fil en aiguille, après une petite manip par ci, une petite manip par là, on finit par parler millions, puis milliards de livres. C’est donc de sommes colossales qu’il s’agit à la fin. Pour le moment, les premières enquêtes aboutissent aux condamnations de Barclays pour un montant de 450 millions de dollars (ce qui est relativement peu si l’on compare aux bénéfices que les opérations frauduleuses ont pu générer) et de 235 millions pour RBS.
Évidemment, la joyeuse coterie des banques trop grosses pour tomber qui se sont un peu trop senti pousser des ailes ne s’arrête pas à ces deux-là : Citigroup, HSBC, UBS comptent dans les rangs de ceux qui ont aussi participé à la bonne blague. Rassurez-vous : on voit mal des banques comme BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale échapper à la fête. Quant à Dexia, si elle n’est pas encore dans les noms cités, c’est probablement parce qu’elle a déjà d’autres chats, tigres, lions et panthères à fouetter.
Cette affaire est particulièrement symptomatique de la crise financière qui n’en finit pas de secouer le monde actuellement.
Les éternels contempteurs du capitalisme y trouveront, une fois encore, les raisons d’alimenter leur haine d’un monde qu’ils ne comprennent pas et que l’écrasante majorité jalouse en secret pour les milliards qu’il brasse sans eux. Ils argueront encore une fois que tout ceci ne serait pas arrivé avec “les bonnes régulations”. On ne peut que rire devant ces arguments ridicules : tout ceci étant déjà parfaitement interdit, tous ces marchés étant déjà, théoriquement, sous les yeux vigilants des autorités de régulation financière (SEC et compagnie), on comprend que le problème ne se situe pas dans les lois, mais plutôt dans l’éthique de ceux qui devraient les appliquer…
A contrario, les réalistes (dont, bizarrement, beaucoup de libéraux) verront que cette affaire, supplémentaire, illustre très bien l’incroyable dérive du capitalisme de connivence, de l’état lamentable dans lequel se trouve maintenant l’ensemble de la finance à force de mariages consanguins et incestueux entre le monde politique et les coulisses financières. La City n’est plus qu’un cloaque de patrons fricotant sur base biquotidienne avec les réguliers du gouvernement britannique, tout comme les banques françaises sont intimement mêlées au pouvoir politique et aux administrations françaises en place (il n’est qu’à voir le nombre d’énarques, parfaitement incompétents en matière bancaire, mais propulsés à la faveur de leurs accointances dans les conseils d’administrations de ces établissements, pour se convaincre de l’interpénétration nauséabonde des deux milieux, politiques et financiers).
L’État totalitaire, pour asseoir son hégémonie, a besoin de canons, de fusil et de soldats qui feront les guerres qu’il faudra pour assurer sa propre pérennité.
L’État social-démocrate, lui, a bien compris qu’il n’était pas nécessaire d’envahir un pays pour exister ; il lui suffit donc, pour se maintenir, de se brancher directement au monde financier. Après tout, c’est l’État qui est maître de la monnaie, qui définit le médium de toutes les transactions, et qui punit sans faiblir ceux qui tentent de s’extraire de son joug, qu’il soit monétaire ou fiscal. En cela, la sociale-démocratie aura permis aux larrons et autres aigrefins politiques de trouver de bons truchements pour leurs goûts immodérés de pouvoir et de luxe.
Et s’il faut que cette porosité se traduise par des actes purement et simplement illégaux, qu’à cela ne tienne.
Résultat : plus aucune banque d’importance, plus aucun établissement financier un tant soit peu remarquable n’est indépendant des politiciens qui, en l’échange de passe-droits et de regards tournés à gauche lorsqu’on bidouille à droite et inversement, récupèrent une partie des fonds ainsi collectés et, par voie de conséquence, du pouvoir afférent.
Maintenant que cette affaire éclate, il va être particulièrement intéressant de voir comment la presse va s’emparer du morceau (surtout la presse française concernant les banques elles-mêmes françaises). Et, encore mieux, cette semaine promet d’être intéressante : cette affaire se développe alors qu’on sort tout juste d’un sommet européen fanfaronné comme décisif et réussi…
Les marchés sauront-ils gober tout ça sans broncher ?
Nafy-Nathalie Diop
Mardi 3 Juillet 2012

LIBOR trafiqué : le plus grand scandale financier de tous les temps ?


Source :
http://www.alterinfo.net/LIBOR-trafique-le-plus-grand-scandale-financier-de-tous-les-temps_a78596.html

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