L’annonce d’une reprise des négociations à Washington a provoqué de fortes protestations chez les Palestiniens. Et pour cause, les Israéliens n’ont donné aucun écho aux conditions préalables posées par la direction de Ramallah qui avait promis d’être intransigeante sur le gel de la colonisation. Les explications ne manquent pas pour comprendre ce retour impérieux de l’équipe du président Abbas aux négociations. De l’agenda guerrier des États-Unis et d’Israël dans la région aux compromissions d’une Autorité Palestinienne totalement subordonnée à l’occupant, cette fois encore il n’est nullement question d’obtenir justice face aux crimes de guerre commis par l’occupant sioniste ou d’aboutir à la réalisation de nos droits. Des voix palestiniennes s’élèvent aujourd’hui pour contester cette nouvelle abdication, d’aucuns récusant même la légitimité de l’actuel leadership palestinien à prendre de telles décisions au nom de notre peuple.
Nous – Union Générale des Etudiants de Palestine en France – nous joignons à cet élan de protestation. Conscients de l’état du rapport de forces et sévères dans notre analyse sur la responsabilité de la communauté internationale face à l’impasse où se trouvent les Palestiniens, nous refusons de chercher refuge dans la fuite en avant qui ne peut nous conduire qu’au bradage de la cause palestinienne.
Nous avons toutes les raisons d’être sceptiques face aux chances d’aboutissement de négociations qui n’ont aucun cadre de référence, agenda ou objectifs clairs. Mais nous nous inquiétons plus encore du projet politique mis en avant par les responsables de l’Autorité Palestinienne qui prétendent aujourd’hui répondre aux impératifs sécuritaires et économiques du quotidien sous occupation, et être en mesure de garantir l’avènement d’un Etat pour les Palestiniens et une paix imminente – modèles qu’ils opposent à une bande de Gaza qui serait gérée par le Hamas de façon obscurantiste et chaotique.
Ce discours participe à maintenir la confusion sur la réalité du terrain. La colonisation se poursuit sans relâche en Cisjordanie, de même que le blocus meurtrier sur la bande de Gaza. Les citoyens palestiniens de l’Etat colon subissent la ghettoïsation, l’éviction et la confiscation de leurs terres et de leurs habitations. Dernièrement encore, l’occupant a détruit le village d’Al-Araqib dans le désert du Naqab (Néguev) pour en chasser ses habitants. De même, à Jérusalem, Israël saccage le patrimoine de la ville et met en œuvre une politique de nettoyage ethnique à l’encontre de sa population palestinienne. L’Apartheid israélien s’est évertué à fragmenter notre peuple, créant les conditions de la débâcle palestinienne, et continu d’accroître son emprise sur le terrain par une politique du fait accompli, dans le déni le plus total des droits de notre peuple. De Haifa à Yafa, de Jérusalem à Gaza, à Jénine ou à Hébron, la présence palestinienne est partout menacée, cloisonnée, et la terre nous est arrachée. L’Etat colon continue Que reste-t-il aujourd’hui de la Palestine à part quelques cantons isolés, tandis que la majorité des palestiniens sont toujours des réfugiés ?
Face à cela nous assistons aujourd’hui au renforcement de la coordination entre l’Autorité Palestinienne et les forces d’occupation dans une répression sécuritaire sans précédent tandis que l’on criminalise toute résistance palestinienne. La solidarité internationale subit aujourd’hui le même sort comme l’atteste l’épisode héroïque de la Flottille de la Liberté pour Gaza réprimé dans le sang par l’occupant. De même, l’Autorité Palestinienne se trouve dans une dépendance totale vis-à-vis de la communauté internationale pour financer son économie et payer ses fonctionnaires. Or les pays occidentaux instrumentalisent cette aide pour dicter leur agenda à la direction palestinienne, celui de processus de paix chimériques qui leur permet de ne jamais assumer leurs responsabilités dans ce conflit. Plutôt que de le sanctionner, ils offrent à l’Etat colonial une nouvelle occasion de se laver de ses crimes. Les Palestiniens devront probablement en payer très lourdement le prix comme à Gaza en 2009.
On comprend dès lors pourquoi la reprise des négociations provoque une telle vague de protestation chez les Palestiniens. Cette décision entérine la soumission absolue de la direction de Ramallah aux agendas sionistes et impérialistes dans la région, ce que nous refusons avec conviction. Plus que jamais les Palestiniens sont déterminés à lutter pour être acteurs de leur propre histoire.
Nous réaffirmons ici notre attachement au droit au retour de tous les réfugiés dans leurs foyers d’origine ainsi qu’au droit de notre peuple à l’autodétermination. Pour l’heure, l’exigence de la levée du blocus sur la bande de Gaza est une priorité absolue, car la crise politique et humanitaire endurée par ses habitants laisse une cicatrice dont souffre l’ensemble de notre peuple, sous occupation et en exil. Il est indispensable en effet que nous ne relâchions pas notre vigilance et que nous fassions pression sur les institutions sionistes et sur les gouvernements complices de leurs crimes. Seuls notre effort continu de résistance pourra mener notre peuple jusqu’à sa libération.
Paris, le 07 septembre 2010
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