En apparence, tous les regards sont tournés vers le prochain sommet de Damas et vers le niveau de participation à ce sommet, comme si le sort du Liban en dépendait. Mais, dans les coulisses, c’est plutôt sur les développements à Gaza que les analystes se concentrent.
Une source proche de l’opposition estime ainsi que ce qui se passe dans cette bande est lié à l’ensemble des développements dans la région. La source considère ainsi que l’Administration américaine actuelle est soucieuse de procéder à une percée dans le dossier israélo-palestinien, aux conditions israéliennes bien sûr.
Jusqu’à présent, ajoute la source, toutes les tentatives de pousser l’Autorité palestinienne à conclure un accord avec le gouvernement israélien se sont heurtées à l’influence grandissante du Hamas, devenu incontournable, selon elle, dans tout règlement. C’est pourquoi, précise la même source, il a été convenu, dans la foulée de la conférence d’Annapolis, de frapper un grand coup contre cette organisation, en prélude à son élimination.
En se basant sur « l’effet dominos », précise la source, cette élimination affaiblirait forcément ses alliés et parrains, à savoir le Hezbollah au Liban, mais aussi la Syrie et l’Iran. L’opération israélienne s’est donc prolongée pendant cinq jours dans un silence quasi total, indique la source, et les ministres arabes des AE ont attendu leur réunion dont la date avait été fixée depuis près d’un mois pour réagir et menacer de retirer l’initiative arabe présentée au sommet de Beyrouth et confirmée à Ryad en mars dernier.
Mais la source proche de l’opposition confie ne pas trop miser sur les positions arabes, estimant que les bombardements de Gaza devraient reprendre après le retour de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice dans son pays.
Visite secrète
Selon cette source, le plan américano-israélien viserait ainsi à briser le Hamas, avant de se tourner vers le Hezbollah, considéré comme le second maillon faible dans « la chaîne de l’axe du mal régional », avant la Syrie et l’Iran.
Affecté par l’affaiblissement considérable du Hamas, le Hezbollah devrait alors, poursuit la source proche de l’opposition, affronter une double agression : la première interne et la seconde externe.
Sur le plan interne, la source proche de l’opposition révèle qu’un proche de l’ancien homme fort du Fateh à Gaza, Mohammad Dahlane, aurait récemment effectué une visite secrète au Liban pour préparer les Palestiniens des camps à entrer en conflit avec les militants du Hezbollah, sur base de la discorde entre chiites et sunnites.
Des unités du Hezbollah, souligne la source, seraient ainsi entraînées dans des affrontements internes, sans doute ni généralisés ni déterminants, mais suffisants pour les occuper, miner leurs capacités militaires et détruire leur image de force de résistance.
Parallèlement, prévoit la source, l’armée israélienne lancerait une offensive, qui contraindrait le Hezbollah à se battre sur deux fronts et affaiblirait donc sa puissance et ses moyens militaires. La même source précise que l’offensive israélienne pourrait se dérouler sur deux axes potentiels, le premier à partir de Hasbaya, Rachaya et jusqu’à la Békaa-Ouest.
Mais cet axe pourrait entraîner une intervention militaire syrienne directe, sous le prétexte que
les soldats israéliens se trouveraient à proximité de Damas.
Si les Israéliens devaient choisir cet axe pour frapper le Liban, cela signifierait, estime la source de l’opposition, qu’ils sont décidés à entraîner la Syrie dans le conflit, en prenant le risque d’une réaction iranienne en raison du pacte de défense commun entre Téhéran et Damas.
Dans ces conditions, selon la source, l’attaque israélienne serait le début d’une guerre régionale, avec la bénédiction des États-Unis dont les navires de guerre surveillent la région.
Le second axe, confie la source, serait au Sud, mais il s’agirait cette fois de frappes aériennes doublées de parachutages de commandos sur les rives du Litani et d’une invasion terrestre, de manière à prendre les militants du Hezbollah en tenailles, conformément à un plan surnommé en Israël « High Water ».
Les opérations militaires, poursuit la source, pourraient même s’étendre jusqu’au Awali pour empêcher définitivement le Hezbollah de lancer des missiles sur le nord d’Israël.
Chassés de leurs villages, les chiites du Sud seraient cette fois mal accueillis dans la capitale, selon la source, et dans les autres régions du pays en raison des tensions internes, notamment entre les chiites et les sunnites.
Les incidents internes devraient alors se multiplier et le Hezbollah en sortirait affaibli, voire neutralisé. Toutes les parties, explique la source, réclameraient alors son désarmement, avant de conclure un nouvel accord interne qui mettrait un terme à la crise actuelle, dans des conditions favorables à la majorité.
Selon la source proche de l’opposition, ce serait donc là le scénario en préparation, dont l’exécution ne serait pas imminente, mais dépendrait en grande partie de l’évolution de la situation à Gaza et des résultats du sommet arabe de Damas.
Même s’il ne faut pas attendre des développements importants dans ce sommet, précise la source proche de l’opposition, les circonstances de sa tenue et la déclaration finale à l’issue de la séance de clôture permettront de préciser les contours de l’évolution de la situation régionale : soit on se dirige vers une confrontation régionale, soit celle-ci restera limitée à Gaza et peut-être au Liban.
Mais déjà, précise la source proche de l’opposition, les affrontements à Gaza ne se déroulent pas comme prévu par les Israéliens et les Américains ; le Hamas tient aussi le coup et continue de se battre, mettant en difficulté l’Autorité palestinienne et ses pourparlers de paix avec les Israéliens. Premier accroc dans le scénario prévu ? La guerre n’est pas une fatalité, s’empresse de préciser la source proche de l’opposition, et les scénarios américano-israéliens de ces dernières années n’ont pas montré qu’ils se déroulaient selon le plan établi initialement…
Scarlett HADDAD
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