Dans l’affaire Cassez, du nom de cette française détenue par les autorités mexicaines, Martine Aubry appelle au boycott de l’Etat mexicain. La même première secrétaire du PS condamnait pourtant l’action du boycott il y a peu. Ah oui… Il ne s’agissait pas du Mexique mais d’Israël !
Florence Cassez est une française détenue au Mexique pour complicité d ‘enlèvements. Elle vient de passer cinq ans en prison au Mexique et doit purger au total 60 ans de prison. Après tous les recours en appel, la peine a été confirmée par la justice mexicaine.
Vendredi, face à cette condamnation définitive, Martine Aubry, première secrétaire du PS français, a appelé à boycotter l’année du Mexique en France. Selon son communiqué, elle « propose dès maintenant aux collectivités locales dirigées par des socialistes de ne pas participer aux manifestations organisées dans le cadre de l’année du Mexique en France et d’annuler celles qui dépendent d’elles ». Elle demande également « avec force au gouvernement mexicain de prendre ses responsabilités »
Selon ses propos, nous pourrions alors penser qu’appeler au boycott n’est pas illégale en France.
Cette même Martine Aubry avait par contre déclaré, en novembre 2010, lors du diner du CRIF, l’institution représentant la communauté juive de France : « Je pense que ceux qui prônent le boycott se trompent de combat : au lieu de porter la paix, ils portent l’intolérance, ils portent la haine. Et quand on veut un chemin de paix, on ne commence pas par porter cela. »
Madame Alliot-Marie, actuelle ministre des Affaires étrangères a pour sa part déclaré récemment au journal Haaretz : « S’agissant des appels au boycott, je les condamne fermement. Quand j’étais ministre de la Justice, j’ai donné des instructions très claires demandant aux procureurs d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination, notamment les appels au boycott des produits israéliens. Ces appels sont illégaux au regard de la loi française. » (1)
En effet, selon le code pénal : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. (Article 225-1 du Code Pénal)
Cette loi a déjà valu condamnation pour le maire communiste de Seclin, Jean-Claude Willem, qui avait décidé de boycotter les produits alimentaires israéliens des cantines de sa ville, pour protester contre la politique du gouvernement d’Ariel Sharon envers les palestiniens.
Mais il faut rappeler que les produits obtenus dans des localités qui sont placés sous administration israélienne depuis 1967, sont normalement interdits de vente dans l’Union européenne car cela représente une « appropriation de biens, non justifiée par des nécessités militaires et exécutée sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire » (Art. 8, 2, a, iv de la Constitution européenne).
Nous ne rejettons pas les actions qui peuvent être mises en œuvre pour F. Cassez. Mais nous pouvons douter que Martine Aubry se fera attaquer en justice pour ses propos. Une fois de plus nous pouvons constater le « deux poids, deux mesures » des politiques français quand il s’agit de parler d’Israël et de lutter contre la politique discriminatoire de ce pays.
Cédric Rutter
17 février 2011
POUR COMMENTER CET ARTICLE / http://www.michelcollon.info/forum/index.php?/topic/115-martine-aubry-et-le-boycott-le-mexique-n%E2%80%99est-pas-israel/
Source : www.michelcollon.info
Florence Cassez-Salah Hamouri : Deux poids, deux mesures
Le cas de Florence Cassez, cette jeune Française emprisonnée au Mexique, a provoqué les interventions aux plus hauts sommets de l’État. Alliot-Marie et Sarkozy n’ont pas ménagé leurs critiques envers « ce déni de justice qui aura des conséquences sur les relations entre la France et le Mexique ».
Tant mieux pour Florence Cassez si ces pressions finissent par jouer en sa faveur. Il y a pourtant d’autres ressortissants français, emprisonnés à l’étranger, qui n’ont pas droit à autant d’égards. C’est en particulier le cas de Salah Hamouri, un franco-palestinien défenseur de la cause palestinienne, condamné depuis 2008 par un tribunal militaire israélien, installé et emprisonné depuis plus de six ans en Israël. Le déni de justice est pourtant avéré puisqu’il n’est accusé que d’avoir eu « l’intention » de participer à un invraisemblable complot, le fait à sa charge étant d’être simplement passé devant la maison d’un rabbin ! Et l’acharnement de la justice militaire israélienne a été jusqu’à lui refuser une libération anticipée, après avoir purgé la moitié de sa peine, car jugé « trop dangereux ».
Interrogé sur son cas et sur le silence des autorités françaises à son sujet, la ministre des Affaires étrangères Alliot-Marie s’est retranchée derrière le fait qu’« il n’appartient pas aux autorités françaises d’intervenir ou même de commenter les procédures judiciaires d’un État souverain ».
Ce qui vaut pour le Mexique cesserait-il d’exister lorsqu’il s’agit d’Israël ?
Roger MEYNIER
Lutte Ouvrière n°2220 du 18 février 2011
Source : http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2220&id=5
Source : www.michelcollon.info
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