Un attentat aux produits radioactifs, portant l’empreinte d’al-Qaïda, vise un canal maritime stratégique, dans le but de provoquer le choc pétrolier de tous les temps. Comment intercepter le navire sans compromettre le fragile équilibre des forces au Moyen-Orient? C’est ce à quoi est confronté Marwan Hage, agent des services de renseignements libanais, que Peter Germanos met en scène dans un cadre plein d’intrigues, de suspense et de rebondissements, dans son roman, Les sirènes du Levant (Dar an-Nahar).
L’auteur n’est pas un littéraire, mais un juriste, visiblement très bien renseigné auprès de la nébuleuse des services secrets. Dans le livre, Beyrouth devient la pépinière de divers services de renseignements et d’agents d’al-Qaïda. «Tu veux me faire comprendre que le Hezbollah est invincible. Pas vraiment. Disciple de la guérilla révolutionnaire maoïste et Viêt-Cong, conscient de la puissance de feu israélienne, il a étudié la guerre asymétrique, et ces fous de Dieu ont l’avantage de combattre sur leur terrain, parmi les leurs. Ajoute à cette sauce piquante les missiles S 400, tu vois ce que je veux dire… La force spéciale al-Qods se chargea de la formation du Hezbollah au Liban. Mohsen Sazgara en est le fondateur et le concepteur». L’ouvrage est plein de ce genre d’informations vraies qui donnent au roman une forte teinte de réalité. «La piste Ho Chi Minh fonctionnait à merveille. Omar el-Baghdadi, grâce à l’aide de l’amir Hamza, réussit à faire passer vingt combattants jihadistes du camp palestinien de Aïn al-Helwé au Liban-Sud, jusqu’à la province rebelle d’al-Anbar en Irak». La trame du roman, on le voit bien, est construite autour d’événements vrais qui meublent le quotidien des Libanais et des différents peuples de la région.
Peter Germanos plonge au cœur du monde insondable de l’islam des extrêmes. «La Charia punit de mort l’apostasie, écrit-il. Ce n’est pas une coïncidence si le wahhabisme a élu domicile au désert. Celui d’Arabie, des pays du Golfe, de Syrie ou d’Afghanistan. Le désert, par sa simplicité, sa cruauté son absolutisme et son immuabilité, reste le lieu idéal de la révélation du monothéisme dans sa forme la plus tranchante… Le désert se débarrasse de tout ce qui est superflu et inutile à la survie. L’exclusion génère la pureté. Donc, l’unicité, la pensée unique et le dogme sont sources de communion avec Allah».
L’auteur présente une lecture géopolitique romancée des événements qui secouent le Moyen-Orient depuis le fameux 11 septembre 2001. «L’Histoire écrira un jour que les armées de la Croix, sous le commandement des Yankees, furent vaincues, et que la première croisade lancée avec la plus grande détermination en 2001 piétina lamentablement à la fin de la décennie, écrit-il. Les sionistes veulent chasser les chrétiens d’Orient. Ils préparent la nouvelle guerre de religions. Une guerre prédestinée à durer mille ans et qui conduira à la destruction du christianisme et de l’islam».
Un récit qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page.
Paul KHALIFEH,ecrivain, journaliste libanais
Peter Germanos : Magistrat ayant occupé plusieurs postes sensibles dont avocat général à la Bekaa 2004-2008 ; actuellement conseiller à lachambre d’accusation de Baabda. Docteur en droit, séminariste à Harvard et auteur de plusieurs ouvrages : L’invasion des clones (Dar el-Moufid), l’ordre public, le droit des baux, la scène du crime, les exceptions au secret bancaire et les crimes de guerre israélien (Sader). Enseigne le leadership à l’Université Saint Joseph.
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